• La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4

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    Les différents formats de la co-intervention

     

    On compte 6 modèles de co-intervention, détaillés par Claire Boniface ici, d’après ce site anglophone (ici ou ). Un autre modèle (le N°3), qui correspond justement à la modalité que nous utilisons le plus souvent, peut y être ajouté.

    N.B. : Les rôles sont interchangeables,et varient selon les séances. Les modalités peuvent elles-même varier d’un moment à l’autre de la séance.

     

     
    Co-intervention/co-enseignement ?

    On parle de co-enseignement lorsque 2 enseignants se  partagent un même système didactique (temps / espace / objet de savoir) et qu’une préparation conjointe a été effectuée.

    De notre côté, la préparation commune reste assez globale. Il est assez rare que l’on aille dans la finesse de la préparation à 2. En effet, la préparation est pour moi une opération lente, faite de réflexion, documentation, essais, et il est difficile de la mener totalement à plusieurs. La tendance est donc à une préparation très large commune, puis à une préparation plus fine des séances de la part de l’enseignante qui mènera la séance, avec transmission à l’autre.

     

    Co-enseignement

    1. En tandem

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4Il nous arrive parfois ainsi de lancer une séance, l’un parle et questionne les élèves, l’autre prend des notes au tableau. C’était le cas lors des séances de production d’écrit « Cendrillon dépoussiérée » avec les CM2. Après lecture de la partie du texte de référence que nous devions réécrire, j’interrogeais les élèves sur les éléments importants (qui, quand, quoi, comment), ce que l’on devait conserver ou modifier. Ma collègue notait au tableau ces éléments au fur et à mesure, ce qui permettait de ne pas casser le rythme des échanges.

     

    2. L’un enseigne, l’autre aide

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4De la même façon, cette modalité est utilisée le plus souvent lors du lancement des séances. L’un enseigne, lance la séance, pendant que l’autre tour à tour observe, recentre certains élèves, aide un autre à préparer une réponse orale, exerce un pilotage d’autorité (une main sur l’épaule qui signifie « tiens-toi bien et calme-toi » perturbe un peu moins la séance qu’un « Bidule assieds-toi ! » crié au milieu d’une explication…).

     

    3. Les deux aident (rétroactions immédiates accrues)

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4Cette configuration n’apparait pas dans les modèles décrits par Claire Boniface, c’est pourtant celle que nous vivons le plus souvent. Après la phase de lancement de la séance, les 2 enseignants circulent parmi les élèves et exercent une rétroaction quasi immédiate. En production d’écrit, sur l’orthographe d’un mot, une phrase, une consigne mal interprétée. En résolution de problèmes, sur la verbalisation de la compréhension de la situation, des stratégies de résolution…

    Cette forme de travail agit positivement sur 2 facteurs essentiels à la réussite d’une séance : elle nous permet le plus souvent d’avoir un climat de classe très apaisé, peut-être parce qu’il y a toujours un adulte dans le champ visuel de l’élève, et l’élève est toujours dans le champ visuel de l’un des enseignants. Les échanges oraux maitre/élève se font à mi-voix dans une grande proximité. Ensuite, et c’est sans doute lié, les élèves sont le plus souvent actifs et sérieusement investis dans leur travail, et c’est ce qui nous/leur manque d’habitude. Il ne faut pas négliger que dans nos classes de ZEP, l’action de feedback et d’étayage du maître est parfois phagocytée par la nécessité de faire régner un certain calme. C’est parfois en corrigeant que l’on se rend compte de l’inefficacité d’une séance, que l’on ne peut que constater trop tardivement que la notion, la consigne ont été mal comprises, ou que le travail n’a pas été fait sérieusement. Lorsque l’on est 2 à circuler, on peut réajuster rapidement le travail des élèves individuellement, les accompagner dans leur réflexion, les questionner pour les faire avancer dans la bonne direction.

     

    4.  L’un enseigne, l’autre observe

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4Nous utilisons très peu cette modalité, ou du moins pas complètement. En effet, dès lors que l’un des enseignants lance la séance et que l’autre est en retrait, il observe les élèves et l’enseignant, mais ce n’est pas une observation rigoureuse et préparée. Je ne nous sens pas très outillées pour mener des observations fines et porteuses. Nous avons du mal à dépasser le constat et à entrer dans leur interprétation.

    Il m’est arrivé une fois d’être sollicitée par une collègue pour observer spécifiquement quelques élèves en difficulté en dénombrement en CP sur une séance ; sinon la seule fois où une séance complète a été prévue avec observation de l’un des enseignants, c’était sur une séance de construction du concept de triangle rectangle au CE1. L’enseignant observateur relevait à la fois le fond et la forme des propos des élèves.

    • Il y a là une co-présence : on ne peut en effet pas parler réellement de co-enseignement, puisque seul l’un des enseignants enseigne.

     

    Co-intervention

    5. Enseignement en ateliers

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4Lorsque nous utilisons cette modalité, c’est en général dans des espaces différents. C’est le cas par exemple lors d’ateliers de lecture avec les CE1. Au cours de cette période par exemple, ma collègue menait un travail autour des inférences pendant que je travaillais la mise en voix de textes courts.

     

     

     6. Enseignement avec groupe différencié

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4Il nous arrive rarement d’utiliser cette forme de travail. Ma collègue de CP l’a expérimentée avec la maîtresse E au cours de cette période en maths ; un groupe d’élèves identifiés au préalable bénéficiait de la présence rapprochée de la maîtresse E et pouvait avec elle reprendre les manipulations et verbaliser encore et encore les stratégies.
    De mon côté, en CE2, lors de séances de lectures suivies menées par la maîtresse de la classe qui ressemblaient à cette séquence, j’accompagnais un petit groupe homogène dans la réponse à des courts questionnaires de compréhension en fin de séance, en verbalisant à chaque fois sur les stratégies à utiliser pour répondre à une question.

     

    7. Enseignement parallèle

    La question des connexions de temps dans les situations de co-intervention d’après Marie Toullec-Théry 2/4Nous avons parfois vécu cette configuration dans laquelle les deux enseignants enseignent la même chose, en même temps, chacun avec son groupe. Cependant, nous étions dans 2 salles différentes. Cela permet plus d’attention et surtout de temps de parole à chaque élève. Ça peut aussi être intéressant lorsque l’on souhaite un échange des productions de chaque groupe entre eux.

    Nous avons dernièrement utilisé cette modalité avec les CE1 en production d’écrit. Les élèves devaient écrire des questions sur un texte documentaire, avant de les échanger avec l’autre groupe. Une autre fois, c’est avec les CP que nous avons travaillé ainsi. Chaque demi-classe a écrit en dictée à l’adulte un texte correspondant aux images de l’album « Loup Noir ».

     

    A travers l’analyse de situations de travail partagé, M. Toullec-Théry nous montre que les différentes modalités de co-intervention induisent des avantages et des inconvénients non négligeables, en particulier lorsque l’on étudie les questions de connexions des temps didactiques. Je reprendrai ses observations à travers le témoignage de situations vécues en classe.

    En effet, on le sait bien, le principal souci de nos élèves en difficulté est leur souci à faire du lien, entre les temps, entre les apprentissages, surtout si ceux-ci sont travaillés dans des espacés séparés. Ce questionnement est donc particulièrement important lorsque l’on vise l’efficacité de nos actions.

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 19 Mars 2015 à 17:14

    Je connaissais déjà, mais tu expliques et détailles bien mieux! Merci! :) :) :)

    2
    Jeudi 19 Mars 2015 à 18:06

    Disons plutôt que c'est le versant témoignage!

    Merci collègue!

    3
    morgan
    Jeudi 19 Mars 2015 à 20:29

    Bonsoir,

     

    Bravo,  c'est très clair !

     

    Il faut également rappeler que c'est l'objectif de la séance qui doit définir le mode d'intervention et non l'inverse (je pense à certains IEN qui souhaitent de la co-intervention à tout prix...sans parler de la non distinction co-intervention/ co -enseignement...)

     

    De plus, je rajouterai un mode d’intervention que je fais parfois (il ressemble au n°6 mais en plus simultané à la séance) :  Un enseignant mène la séance et un autre tient une "table d'aide". Cette table accueille les élèves qui peuvent y venir seuls ou alors aiguillés par l'autre enseignant. Certaines fois, lorsque les élèves viennent pour la même difficulté un atelier se monte alors.

     

    Enfin, en co-enseignement, se pose parfois la question du "trop d'aide" pour les élèves. Certains élèves vont choisir la facilité et demander trop rapidement de l'aide plutôt que de chercher... Ce dosage n'est  pas évident du tout !

     

    En tout cas, bravo !

     

    Julien g.

     

     

     

     

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    4
    Jeudi 19 Mars 2015 à 20:37

    Effectivement Julien, c'est une possibilité que je n'ai jamais exploitée.

    Merci beaucoup de ton commentaire qui rajoute encore un peu de témoignage!

    5
    Jeudi 19 Mars 2015 à 23:10

    J'adore!
    Excellent article qui donne de nouvelles idées!

    Merci!

    6
    Vendredi 20 Mars 2015 à 07:23

    Merci Zazou, est-ce qu'il t'arrive de travailler à 2?

    Je sais que vous avez des orthopédagogues chez vous, mais interviennent-ils dans ou hors la classe?

    7
    Vendredi 20 Mars 2015 à 14:25

    Très intéressant ton témoignage Julien, j'aime beaucoup l'idée de la table d'aide!

    Et je suis bien d'accord avec toi concernant le dosage de l'aide, c'est le même problème que celui des élèves qui "profitent" trop de leur AVS, on en parlait en salle des maitres hier justement!

    8
    Vendredi 20 Mars 2015 à 22:42

    ptitejulie: oui, j'ai travaillé en équipe. Tout d'abord, avec mon ancienne super collègue et amie. Nous réalisions des lectures interactives en faisant du co-enseignement. Nous avons dû nous séparer professionnellement, mais je sais qu'avec elle, nous aurions pu élaborer une belle collaboration de co-enseignement. 

    Ensuite, dans une autre école, j'ai effectivement participé à un projet durant lequel l'orthopédagogue intervenait directement en classe avec nous particulièrement auprès des élèves en difficulté. J'ai adoré l'expérience. Malheureusement, beaucoup d'enseignants sont encore réticents face à cette manière d'aborder l'enseignement qui pourtant démontre beaucoup d'efficacité auprès de nos élèves.

    Ma manière de travailler conviendrait tellement à un co-enseignement. J'espère retrouver ma perle rare de super collègue ou bien d'en rencontrer une nouvelle avec qui j'aurai cette complicité qui nous permettra d'optimiser notre enseignement.

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