À l’heure où le développement du langage chez les enfants suscite un intérêt croissant, la méthode Borel-Maisonny s’impose comme une solution innovante. Élaborée au milieu du XXe siècle, cette démarche associe gestes simples et sons précis afin de soutenir les jeunes dans leur apprentissage du langage oral et écrit. Véritable alliée des orthophonistes, elle séduit aujourd’hui bien au-delà de son public initial. Découvrons ensemble comment cette méthode fonctionne, quels en sont les principes et bénéfices concrets, ainsi que des conseils pratiques pour l’intégrer à l’accompagnement des enfants.
Aux origines de la méthode Borel-Maisonny
L’histoire de la méthode Borel-Maisonny débute avec la vision audacieuse de Suzanne Borel-Maisonny, orthophoniste réputée qui a marqué son époque par sa détermination à offrir aux enfants sourds un accès novateur au langage. Dans les années 1950, très peu d’outils existaient pour aider spécifiquement ces enfants à entrer dans la communication verbale. En observant leurs besoins, cette spécialiste a conçu une association entre des gestes faciles à reproduire et les sons de la langue française, créant ainsi des repères visuels pour chaque son émis.
Rapidement, le champ d’application de cette approche s’est élargi. Elle n’a pas tardé à attirer l’attention des professionnels auprès d’enfants présentant divers troubles langagiers : retard de parole, difficultés d’articulation ou encore pathologies spécifiques telles que la dysphasie ou la dyslexie. Aujourd’hui, enseignants et thérapeutes l’utilisent également chez les enfants rencontrant des obstacles lors de l’apprentissage de la lecture ou de l’écriture.
Comment la méthode associe gestes et sons ?
Le cœur de ce dispositif repose sur l’association entre la production orale des sons et un geste distinct exécuté simultanément. Par exemple, le mouvement de la main illustre la façon dont un phonème se forme dans la bouche. Cette double stimulation – visuelle grâce au geste, auditive avec le son prononcé – renforce la mémorisation et favorise la compréhension du langage chez de nombreux enfants.
Grâce à ce principe multisensoriel, chaque nouveau son appris devient un acquis potentiellement durable. Ce système aide non seulement lors des séances dédiées avec un professionnel mais aussi à la maison, puisqu’il est facilement reproductible et peut accompagner tous les exercices quotidiens liés au langage.
Quels problèmes du langage peuvent bénéficier de cette approche ?
Langage oral : renforcer articulation et expression
Certains enfants peinent à distinguer ou reproduire certains sons. Les gestes deviennent alors un guide visuel qui facilite la discrimination auditive et améliore l’articulation. Utilisée régulièrement, la méthode accompagne notamment les cas de retard de langage, de difficulté articulatoire ou de troubles sévères comme la dysphasie.
Plus qu’un simple appui technique, le geste redonne confiance : l’enfant prend conscience de ses progrès et gagne progressivement en autonomie lorsqu’il doit faire face à des mots complexes ou peu familiers.
Lecture et écriture : soutenir l’entrée dans l’écrit
L’apprentissage de la lecture exige de relier efficacement lettres et sons. La méthode Borel-Maisonny permet d’associer rapidement une lettre (ou groupe de lettres) au geste correspondant, ce qui facilite la reconnaissance des graphèmes associés aux phonèmes. L’élève dispose alors d’un moyen concret de retrouver un son en cas de doute, améliorant ainsi sa fluidité en lecture tout autant que sa confiance face à l’écrit.
Utilisée dès la maternelle, cette stratégie contribue à préparer le terrain pour l’éveil phonologique et encourage la manipulation ludique des sons. Au fil de la pratique, les liens entre l’oral et l’écrit se renforcent, permettant une meilleure stabilité des acquis.
Progression et outils pédagogiques
La mise en œuvre suit une progression structurée, allant des voyelles et consonnes basiques vers des combinaisons plus élaborées. Petit à petit, les gestes liés aux syllabes puis aux mots viennent compléter le répertoire de l’enfant. Pour rendre l’aspect concret et visuel omniprésent, des affiches et cartes symbolisant chaque geste accompagnent souvent la méthode. Ces supports deviennent vite incontournables en classe comme à la maison.
Des jeux de rôle, rimes et comptines s’intègrent aussi fréquemment à l’apprentissage pour varier les contextes, impliquer davantage l’enfant et stimuler la conscience phonologique. Ces activités ludiques sont recommandées pour inscrire durablement les connaissances grâce à la répétition positive.
Bénéfices et limites de la méthode
Résultats constatés et retours de professionnels
Les orthophonistes notent couramment des avancées tangibles chez les enfants accompagnés selon cette approche. Les progrès touchent autant la clarté d’élocution que la capacité à passer de la reconnaissance auditive à la lecture ou l’écriture. De nombreux enfants deviennent plus à l’aise dans leurs communications quotidiennes et gagnent en assurance face aux sons qui leur posaient problème auparavant.
Cet atout se révèle surtout chez ceux qui bénéficient d’un suivi précoce, où la construction d’un « pont » entre geste, son et lettre agit comme un accélérateur d’apprentissage. Pour renforcer cette dynamique, l’implication des parents reste précieuse, en prolongeant certaines activités à la maison.
Adaptation et complémentarité avec d’autres approches
Tout enfant ne réagit pas forcément de la même manière à ce type d’approche. Il est donc essentiel d’adapter la progression et d’analyser régulièrement les résultats observés. Beaucoup de professionnels insistent sur le fait que la méthode Borel-Maisonny gagne à être intégrée à un programme global, associée éventuellement à d’autres techniques éducatives ou rééducatives.
L’essentiel consiste à construire une réponse personnalisée qui respecte le rythme et la singularité de chaque enfant. Le dialogue entre familles, enseignants et professionnels de santé représente alors une clé pour ajuster les interventions.
Conseils pratiques pour intégrer la méthode au quotidien
- Commencer par les gestes associés aux sons les plus courants et simples
- Utiliser régulièrement cartes, affiches ou supports visuels pour installer la routine
- Intégrer les gestes lors d’activités variées : lectures, chansons, jeux de rôles
- Encourager l’enfant à produire spontanément les gestes pour accompagner ses sons hésitants
- Collaborer avec les professionnels pour enrichir les séances selon les besoins individuels
En misant sur la régularité et sur des contextes agréables, chacun peut tirer parti des ressources offertes par l’approche Borel-Maisonny, qu’il s’agisse de consolider un apprentissage, d’améliorer l’articulation ou de nouer plus solidement les liens entre oral et écrit.